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136 Les Spectacles de la Foire.
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B
ERTRAND (Jean), frère du précédent, entrepreneur de spectacles aux foires, où il eut un spectacle de marionnettes de 1684 à 1697.
I
L'an 1687, 1- mardi 18 mars de relevée, eft venu en l'hôtel de nous, Jacques Camufet, etc., Jean Bertrand, joueur des menus plaifirs du Roi, demeurant rue St-Denis : Lequel nous a dit qu'il eft affocié depuis trois ans avec le nommé Alexandre Bertrand, fon frère, pour jouer des marionnettes, et ont préfentement une loge enfemble à la foire St-Laurent, et ledit Alexandre ayant accoutumé de négliger le travail et de ne venir à toutes les foires dans leur loge que fur les 6 à 7 heures du foir, ce qui auroit fait grand préjudice audit plaignant, et ils auroient eu, pour raifon de ce, plufieurs difputes enfemble, même un procès criminel fur lequel feroit intervenue fentence qui leur auroit fait défenfe réciproque de fe méfaire ni médire, laquelle fentence eft de l'année 1685. Depuis lequel tems ledit Alexandre Bertrand ne fe rendant pas plus affidu, ct même le famedi 15 du préfent mois étant venu à fix heures du foir, ledit plaignant lui auroit dit fort doucement qu'iLavoit tort de venir fi tard, que cela diminuoit leur gain, qu'il ne pouvoit réfifter tout feul au travail qu'il y avoit à faire. Sur quoi ledit Alexandre Bertrand fe feroit fort emporté, auroit juré et blafphémé le faint nom de Dieu, auroit traité Ie plaignant de b.....de chien et autres injures qu'il auroit réitérées plufieurs fois,
lui auroit dit que fa b.....de face n'étoit pas capable de baifer fon c, même
auroit levé fa canne fur ledit plaignant pour l'en frapper, dont il auroit été empêché par fa femme qui l'auroit retenu et laquelle il avoit fort tiraillée pour fe débarraffer d'elle. Et le jeudi précédent, en l'abfence dudit plaignant, ledit Alexandre Bertrand fe feroit emporté contre la femme dudit plaignant fans autre fujet que parce qu'elle avoit donné 15 fols à un homme qui gardoit leur porte, pour fés peines : Et, par colère et dépit, ledit Alexandre rompit la porte de leur loge, et voulant auffi rompre et brifer le théâtre, décorations ct uftenfiles qui leur fervent, fa femme fe jeta fur lui pour l'en empêcher et ils fe chamaillèrent fort longtems enfemble. Depuis lequel tems ladite femme dudit Alexandre s'eft plainte de reffentir de grandes douleurs et depuis dimanche dernier ledit Alexandre Bertrand feme partout le bruit que fa femme eft accouchée d'un enfant mort-né et que ce font les coups que lui a donnés le plaignant qui l'ont fait avorter, ce qui eft une calomnie et une impofture, ledit plaignant ne l'ayant jamais touchée ni même dit aucune parole inju-rieufe. Dont il nous requiert acte.
Signé : Camuset ; Jean Bertrand.
(Anhivci iles Comm., no 904.)
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